Mon expérience avec les produits menstruels jetables
- Karine Laperrière
- 10 juin
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 juin
Il y a quelques semaines (ok, mois, le temps passe si vite!), je vous entretenais à propos de mon récent virage aux produits menstruels réutilisables. J’ai décrit l’impact que ça a eu sur ma perception des menstruations ainsi que sur ma relation avec mon corps. Je terminais en vous promettant la suite, c’est-à-dire un article sur mon choix de culottes et mon expérience avec celles-ci. Le temps est donc venu de parler plus en détails des produits qui m’accompagnent lors de mes menstruations!
Ayant envie de faire un choix conscient, j’ai effectué un deep dive dans les sites web des différentes marques qui en proposaient. J’ai donc visité Sisters Republic, Knix, Thinx, Mme L’Ovary, Revol Cares, Diva, La Vie en Rose, Iris et Arlo et Marie-Fil. Il existe une foule d’autres sites web que j’ai découvert plus tard et qui vendent ce genre de produits, comme Aisle, EtthiQ, Öko Créations, Soje, Ora Protections pour en nommer quelques-unes.
Il était important pour moi de faire un choix éclairé afin que cet achat ne contrevienne pas à mes valeurs. Ainsi, j’ai utilisé les critères suivants pour faire mon choix :
Marque locale : je désirais acheter d’une entreprise canadienne, ce qui a tout de suite éliminé Sisters Republic (française) et Thinx (américaine). Points bonus pour les marques québécoises : Mme L’Ovary, La Vie en Rose, Iris et Arlo, Marie-Fil, EtthiQ et Öko Créations. Acheter d’une marque locale permet de conserver plus de sous dans notre économie, ce qui nous aide à assurer un certain filet social.
Production locale : c’était en bonus, mais au moment de ma recherche, il n’y avait que Marie-Fil qui correspondait à ce critère. Les autres marques nommées plus haut produisent à l’international mais ne disent pas toujours où exactement. La production locale permet d’assurer une certaine qualité, mais peut coûter plus cher étant donné le salaire de celles qui font la production.
Le prix : évidemment, on cherche tous à maximiser notre pouvoir d’achat. En général, les culottes menstruelles varient entre 30 et 70$ la paire. Puisque j’avais droit au remboursement de la ville de Québec, ce critère n’était pas le plus important pour moi! D’ailleurs, Mme L’Ovary a répertoriés les programmes des municipalités québécoises ici.
La matière : je préconise les matières naturelles en général, et particulièrement pour ce qui est de mes sous-vêtements. FYI, les matières synthétiques comme le polyester et le nylon peuvent être à l’origine d’infections vaginales. Ce critère a éliminé la plupart des produits de Knix et de La Vie en Rose.
L’absorption : honnêtement, je n’ai pas favorisé ce critère, étant donné que je trouvais très compliqué de comparer les différentes revendications sur les sites web. Ça varie entre 1 pad = 1 serviette, à différents niveaux qui peuvent aller jusqu’à l’équivalent de 12 tampons, d’autres qui calculent en mL… puisque j’achetais en ligne, je trouvais risqué d’aller vers le plus haut degré d’absorption sans vraiment connaître l’épaisseur et le confort qu’un équivalent de 108 mL d’absorption pourrait avoir. De toute façon, dans un récent dossier sur les culottes menstruelles de La Presse, la journaliste Catherine Handfield est arrivée à la conclusion que « les culottes absorbaient moins de liquide lors de nos tests que ce que prétendaient les fabricants sur leur site internet. »
Le style : eh oui, même si on est menstruées, on peut bien vouloir être coquettes! Les marques nommées plus haut ont toutes une belle variété, et il s’agit d’une question de goût personnel, donc je vous laisse les découvrir!
Les revendications : il est important pour moi d’éviter le greenwashing. Ainsi, je suis très critique des revendications d’écoresponsabilité des marques afin de m’assurer qu’elles disent vrai. La plupart des marques nommées se revendiquent comme des marques écoresponsables puisqu’elles font des produits réutilisables, ce qui est vrai, mais très peu expliquent de quelle façon elles diminuent leur impact environnemental en dehors de cela. À mon avis, c’est une erreur de beaucoup d’entreprises, qui oublient que l’impact de leurs opérations ne se limite pas au produit qu’elles vendent. Pour qu’une entreprise soit vraiment responsable, elle doit intégrer les principes du développement durable dans chaque décision! Hum… peut-être que c’est un sujet pour un autre article?
Mon choix s’est finalement arrêté sur les culottes de Mme L’Ovary et celles de Marie-Fil. Je vous explique maintenant ce que j’apprécie plus (ou moins) de ces produits.
Mme L’Ovary
Les culottes de Mme L’Ovary se reconnaissent par leur bande de taille rouge. Personnellement, cette couleur m’interpelle moins, donc j’ai choisi deux modèles complètement noirs, un « de jour » et l’autre « de nuit ». J’ai choisi de prendre les 3 serviettes amovibles qui venaient avec chacune. Honnêtement, je ne vois pas vraiment la différence entre les serviettes de jour ou de nuit, donc je les utilise de façon interchangeable. Les culottes tout-en-un viennent aussi avec un petit sac de transport imperméable, ce qui m’a été utile dans des moments où je ne pouvais pas rincer et faire sécher ma culotte on the spot.

La serviette s’insère dans deux goussets intégrés à la culotte. La manipulation est facile et la serviette tient bien. La culotte est elle aussi absorbante, donc elle peut se porter sans les serviettes. Je n’ai pas eu de problème de fuite jusqu’à maintenant, donc je suis prête à considérer que c’est un succès.
De façon générale, j’apprécie mes culottes Mme L’Ovary puisqu’elles ont une bonne capacité d’absorption et son plutôt confortables. Il m’arrive de ne pas savoir si j’ai eu des écoulements ou non, puis que la serviette est noire et sèche assez rapidement. Ainsi, pour celles qui désirent suivre leurs pertes oui qui sont soucieuses de la couleur de leurs dessous, je recommanderais les serviettes en coton bio non-teint, qui n’étaient pas disponible lorsque j’ai fait mon choix!
Marie-Fil
Les culottes de Marie-Fil offrent plus de choix de couleurs et de motifs. J’ai choisi deux modèles noirs dans cette marque aussi, parce que j’aime les sous-vêtements neutres. Marie-Fil offre l’option des serviettes noires ou naturelles. L’option naturelle permet de suivre ses pertes, mais elles restent tachées donc on perd cet avantage à la longue. Personnellement, j’ai pris cette option puisqu’on pense de plus en plus que les teintures chimiques pourraient affecter notre santé.

La serviette s’installe grâce à un système de bouton-pression très fins. Lorsqu’on porte la culotte, on ne le sent pas du tout! C’est plus facile à manipuler, à mon avis, que les goussets. Par contre, il m’est arrivé que la serviette plie en deux et qu’elle n’absorbe pas mon sang comme il faut. De plus, je recommande de choisir des serviettes de nuit en plus des serviettes de jour, qui sont plus longues et pourraient vous éviter de tacher vos draps… histoire vécue!
De façon générale, j’aime bien mes culottes Marie-Fil. Elles sont légères, confortables et absorbantes. J’adore l’idée de porter une culotte en matière naturelle non-teinte et de pouvoir suivre mes pertes. Finalement, la fabrication locale me donne bonne conscience!
Confort, odeur, composition
J’ai utilisé ces culottes pendant plusieurs mois. Elles ont, à mon avis, chacune leurs avantages et leurs points faibles. Les culottes de Mme L’Ovary offrent une meilleure absorption et une assurance à toute épreuve. C’est celles que je porte d’emblée, lorsque je suis dans mes premières journées de saignement. Celles de Marie-Fil sont plus confortables, mais il m’est arrivé de « déborder ». Je les utilise donc plus en fin de menstruations.

Au niveau du confort, il ne s’agit évidemment pas du confort d’une culotte normale. Pour les deux marques, on sent l’épaisseur de la couche absorbante. Je n’ai toutefois pas l’impression de porter une couche non-plus. Si je compare au port d’une serviette jetable, c’est très confortable! Personnellement, les serviettes jetables me piquent, ne sèchent jamais vraiment, et ne tiennent pas vraiment bien dans les culottes. Du point de vue de l’odeur, j’ai remarqué que l’odeur que j’attribuait à mon sang menstruel était plutôt caractéristique des serviettes jetables. En effet, je note beaucoup moins d’odeurs désagréables avec les culottes menstruelles, ce qui est évidemment un point très positif.
La taille des deux culottes se choisit par la mesure du tour de hanche, ce qui est un relativement bon indicateur. Marie-Fil donne aussi la mesure de taille, ce qui aide encore mieux à faire un choix. J’ai choisi la taille Large dans les deux marques. La taille est bonne, mais j’aimerais plus de flexibilité au tour de cuisse, pour lequel la mesure n’est pas disponible dans le guide de taille. C’est une mesure qui a énormément de variance d’une personne à l’autre et il me semble normal qu’un tour de cuisse plus serré permette d’éviter les fuites. Je ne sais donc pas à quel point c’est un fit qui pourrait être modifié. Dans le doute, commandez une taille plus grande que ce que vous pensez avoir besoin. Mme L’Ovary offre même l’échange gratuit dans les 60 jours si vous ne les avez pas déjà portées.
Les deux marques, ainsi que les autres que j’ai analysées, utilisent du polyuréthane (PU) afin d’assurer l’imperméabilité des culottes. Le PU est considéré comme inerte, c’est-à-dire qu’il est probablement non-toxique lors de son usage. Toutefois, l’impact de la production du PU sur l’environnement et la santé des travailleurs ainsi que sa dégradation dans les sites d’enfouissements est un enjeu considérable, pour lequel nous avons très peu de données fiables. Il faut aussi noter que les analyses de cycle de vie sur les produits menstruels réutilisables, trouvent que ces derniers sont quand même une meilleure option que les produits jetables, fabriqués avec une grande quantité de plastique.
Entretien
Les culottes menstruelles s’entretiennent facilement, mais il ne faut pas craindre de toucher notre sang menstruel. C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus rebutée lorsque je suis venue à la conclusion que l’usage de produits menstruels réutilisables seraient mon prochain move écologique. Je vous en ai parlé dans mon dernier article. J’ai consulté quelques amies qui avaient déjà fait le pas et j’en suis venue à cette méthode qui me convient très bien.
Lorsque je change ma serviette, je la laisse tremper quelques minutes dans de l’eau savonneuse (je les oublie parfois quelques heures…), puis je les rince jusqu’à ce que l’eau soit claire. Je les laisse sécher à l’air libre, puis je les nettoie avec le reste de mon lavage. Je ne les mets pas à la sécheuse, puisque la chaleur dégrade les fibres textiles et réduit la durée de vie de nos vêtements. J’imagine que cela s’applique également au PU, donc c’est une façon pour moi d’améliorer la durée de vie de mes culottes.

L’usage de l’eau pour rincer et laver les produits réutilisables représente le plus gros impact environnemental dans la vie d’une culotte menstruelle. Il faut donc garder cela en tête lorsqu’on rince, mais l’impact est quand même moins grand que celui du cycle de vie des tampons et serviettes jetables.
Ma conclusion
Quand on parle de développement durable et d’actions environnementales, il n’y a pas de solution parfaite. L’usage de produits menstruels réutilisables vient avec le désavantage de les entretenir, c’est-à-dire de rincer et laver le sang menstruel qu’on aimerait peut-être mieux oublier, mais ils permettent d’améliorer son impact environnemental, d’encourager des entreprises locales, d’éviter les odeurs désagréables, et de reconnecter avec son corps. Maintenant que je suis de l’autre côté de cette grande aventure, j’encourage chaque personne ayant des menstruations à considérer sérieusement l’option des produits réutilisables!
Personnellement, ce geste m’a permis de résoudre une partie de mon éco-anxiété, qui revenait me hanter à chaque mois. J’ai passé les dernières années à essayer diverses façons de gérer ce type d’anxiété et je pense m’en sortir plutôt bien. Dans un prochain article, j’aimerais partager avec vous les petits gestes qui m’ont le plus aidée! Restez à l’affut!
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