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Photo du rédacteurKarine Laperrière

J'ai essayé les produits menstruels réutilisables... et je les adopte!

Très jeune, j’ai appris que les femmes avaient un corps différent de celui des hommes (vous savez, la version simpliste qu’on apprend par défaut et qui manque certainement de nuance). J’ai appris que les menstruations étaient gênantes, qu’il ne fallait pas en parler, qu’il fallait garder les émotions que ça nous faisait vivre pour soi, pour éviter de se faire dire qu’on est une « hystérique des spms ». J’ai compris rapidement qu’il ne fallait surtout pas laisser voir nos produits menstruels par des gens de l’autre sexe, parce qu’être menstruée, c’est dégueu. Ça mérite même le nom de serviette « sanitaire » et de produit « hygiénique » parce que le sang menstruel, c’est sale, impropre, dérangeant. En vieillissant, j’en suis venue à haïr mon corps, qui me fait souffrir à chaque mois. J’ai pris la pilule contraceptive en continu pendant plusieurs années, afin d’éviter la dysphorie prémenstruelle et les menstruations elles-mêmes. En vieillissant un peu plus, j’ai compris que la honte entourant mes menstruations était un construit de la société, un tabou qui n’avait pas lieu d’être. Différentes expériences personnelles m’ont amenée à me questionner sur ma santé mentale, physique et spirituelle, puis à désirer une meilleure connexion avec mon corps. C’est dans ce contexte que je me suis retrouvée devant l’allée des produits menstruels, que je n’avais pas visitée depuis longtemps.


Il est difficile d'obtenir de l'information sur les produits menstruels dans l'allée où on doit les choisir. Crédit photo : Zoranm

J’ai figé. Le coût des produits jetables, l’impact des matériaux synthétiques sur l’environnement et ma santé, l’absence de produits locaux… comment faire un choix responsable devant cet étalage de produits variés, mais tous pareillement inadéquats par rapport à mes valeurs? Je suis repartie, coupe menstruelle en main, très inconfortable à l’idée que j’allais devoir manipuler mon sang menstruel pour la première fois de ma vie, à 32 ans. Un an et demi plus tard, je suis fière de dire que j’utilise la coupe et les culottes menstruelles! J’ai même envie de propager la bonne nouvelle…


Phtalates, métaux lourds, microplastiques…


J’ai été résistante à l’idée des produits menstruels réutilisable pendant longtemps. La vérité, c’est que la honte entourant mes saignements mensuels était plus forte que ma conscience environnementale. Je craignais surtout de devoir nettoyer pour réutiliser, parce que j’avais en tête que ça m’écœurerait. Toutefois, j’ai la chance d’être entourée de femmes avec lesquelles je peux m’entretenir du sujet, sans tabous. Au fur et à mesure de ces discussions, la honte envers mon propre corps a laissé place à la honte face à notre système de santé et les méthodes traditionnelles de gestion des menstruations. J’ai vécu beaucoup de frustrations, lorsque j’ai compris que les femmes ont été oubliées dans les recherches de médecine moderne, parce qu’on considère que leurs hormones sont « trop compliquées », et donc, que les conseils qu’on reçoit et qu’on donne ne sont pas adaptés à notre biologie. Non-seulement sommes-nous désinformées sur notre propre corps, mais en plus nous n’avons pas l’heure juste quant à ce qui est « normal » ou pas pour une personne menstruée. Cela qui joue sur la santé mentale féminine, mais en plus ces produits « jetables » sont un risque pour notre santé physique et restent dans notre environnement plus de 800 ans… Bref, on se heurte nous-mêmes et on heurte tout le reste du vivant.


Les produits menstruels jetables sont une source importante de pollution par le plastique. Crédit photo : Simon Kadula

Lors de la recherche pour cet article, j’ai appris que des métaux lourds, des phtalates et des composés organiques volatiles sont trouvés dans tous les produits jetables considérés. Nous savons que l’utilisation de ces produits comporte des risques pour la santé physique, puisque certaines substances utilisées dans la production de ces produits sont des carcinogènes connus ou des perturbateurs du système endocrinien. Pourtant, l’utilisation de ces produits est recommandée aux personnes qui vivent des menstruations dès l’âge de 10 ans, sans vraiment discuter des alternatives réutilisables. Considérant que les muqueuses sont des surfaces d’absorption pour notre corps, il convient de se demander si nous désirons vraiment poursuivre l’utilisation des produits jetables, surtout s’il existe des méthodes plus saines pour gérer les menstruations.


Ajoutons à cela le fait que les serviettes jetables sont composées d’environ 90% de plastique, chacune d’entre elles produisant l’équivalent de 4 sacs de platique jetables (dont l’usage est interdit dans certaines villes au Québec). Les tampons ont une composition relativement plus faible en plastique, mais ont le même impact lorsqu’on considère l’applicateur. Ceci génère un poids important de détritus solides non-décomposables, qui se retrouvent dans nos systèmes de traitement des eaux, dans nos dépotoirs et ultimement dans la nature sous forme de microplastiques. J’évite les sacs en plastique comme la peste, mais je jetais l’équivalent de 84 sacs en plastique par semaine de menstruation… Si on considère également l’impact de l’extraction de matière premières, la production et le transport des produits jetables, l’ampleur de la population qui utilise ces produits et les décennies durant lesquelles nous avons utilisé ces produits, on obtient un poids environnemental vertigineux.


Je suis une grande fan de l’idée qu’avec chaque petit geste, on arrive à de grandes choses, alors voici les solutions que j’ai trouvées pour prendre soin de ma santé physique et mentale, tout en évitant d’alourdir mon bilan environnemental personnel.


Prendre soin de soi et de sa planète


Selon toutes les analyses de cycle de vie que j’ai lues, la coupe menstruelle est la meilleure façon de réduire son impact, puisqu’elle est jusqu’à 99% moins polluante qu’une serviette ou un tampon jetable. J’ai utilisé la coupe pendant quelques mois, en combinaison avec des serviettes jetables pour prévenir les débordements. Honnêtement, les premières utilisations étaient stressantes, puisque je n’avais pas affiné ma technique de retrait et de vidage… Grâce aux conseils de mes amies plus expérimentées, je suis maintenant une utilisatrice assurée et assumée.

Malheureusement, les produits menstruels à usage interne ont toujours exacerbé mes crampes et la coupe ne fait pas exception. Il m’a fallu considérer la culotte menstruelle. J’y étais très résistante considérant que l’utilisation nécessite de les rincer et de les laver. La gêne entourant le sang menstruel ne m’avait pas vraiment quittée. Pourtant, je ne suis pas dérangée par le sang « normal ». Encore une fois, des discussions avec des amies qui utilisaient ces culottes m’ont permis de me réchauffer à l’idée. Mon partenaire m’a confirmé qu’il ne s’opposerait pas à ce que je les lave avec le reste de nos vêtements, considérant que je les rince abondamment dans l’évier avant de les mettre au lavage. L’utilisation de l’eau pour le nettoyage est d’ailleurs la source principale d’impact environnemental des produits réutilisables, donc j’essaie de ne pas gaspiller en faisant tremper. Maintenant que j’utilise les culottes absorbantes, je peux confirmer qu’il n’y a rien qui m’écœure dans ce processus, même que je suis maintenant à l’aise avec mon propre sang.


Produits réutilisables. Crédit photo : Marcela Brasse

Mon objectif étant de réduire mon impact environnemental, c’était très important pour moi de choisir des culottes réutilisables en coton et produites localement. J’ai d’ailleurs acheté celles de Marie Fil, qui offre plusieurs styles, couleurs et motifs. Elle offre également l’option de choisir l’insert en bamboo de couleur naturelle, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été teinte, ni blanchie. Puisque les produits réutilisables contribuent à alléger le coût lié à la production et l’élimination de déchets, plusieurs municipalités québécoises ont des programmes de remboursement. Mme L’Ovary, une autre compagnie québécoise dont j’ai acheté des culottes, les a répertoriés ici. Par soucis de concision, je ferai le review de ces produits dans un prochain article!


Les avantages des produits réutilisables sont aussi de nature économique, puisque l’achat de produits jetables doit être reconduit fréquemment, alors qu’une coupe peut être utilisée pendant 10 ans et les culottes pendant environ 5 ans (quoi que cela peut dépendre de la marque et de l’entretien). En effet, l’utilisation annuelle d’un tampon de marque Tampax peut coûter jusqu’à 120$ par an pour une personne ayant un flot important, alors qu’une DivaCup coûte environ 40$ (donc 4$/an si on l’utilise 10 ans). L’achat de 4 culottes menstruelles ainsi que leurs serviettes réutilisables m’a coûté environ 250$, dont une partie a été remboursée par le programme de la Ville de Québec, ce qui me reviendra à environ 35$ par an si je les utilise pendant 5 ans. C’est donc une économie de 425$ sur 5 ans!


Pour celles qui ne sont pas à l’aise avec l’idée de réutiliser des produits menstruels (je comprends qu’il existe une barrière psychologique), je vous recommande chaudement les produits jetables Iris et Arlo, qui, à défaut d’être réutilisables, sont composés de matières organiques, créés par une compagnie de Montréal et dirigée par une femme qui s’est lancé le défi de « changer les règles »! Elle travaille d’ailleurs à développer son offre de produits réutilisables.


Conclusion


J’ai passé une bonne partie de ma vie à être mal à l’aise avec mon corps qui saigne, alors que c’est un processus naturel, vécu par la moitié de la population. Lorsqu’on s’attarde au sujet, on se rend compte qu’on a démonisé les menstruations, au point que peu d’entre nous sont confortables d’en parler ouvertement. Même dans l’écriture de ce post, je me suis posé beaucoup de questions : jusqu’où devrais-je aller pour ne pas heurter les sensibilités?


Non seulement cette expérience me permet d’alléger le poids de mon impact environnemental, mais je me sens désormais plus proche de mon corps. Je suis mes règles avec attention et je comprends mieux les fluctuations émotionnelles qu’elles me font vivre. Je n’haïs plus mon corps, j’apprends à vivre, à bien vivre, avec lui. Bien que l’objectif de cet article était de convaincre de l’importance de ce changement d’habitude pour l’environnement, j’ai réalisé, en l’écrivant, qu’il s’agissait aussi d’un changement positif pour ma santé mentale, physique et pour ma relation avec moi-même. J’espère que la lecture en sera tout autant bénéfique pour vous.


Dans ma prochaine publication, je vous parle de mon choix de culotte menstruelles et de mon expérience avec celles-ci.


Merci pour votre attention, et je vous souhaite une journée remplie d’amour et de bienveillance,


Karine <3

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