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Photo du rédacteurKarine Laperrière

La mode durable : pourquoi faut-il agir maintenant?

Une revue rapide des différentes raisons qui m'ont poussées à écrire ce blog.



C’est en étudiant la mode et son histoire que je me suis apperçu que la mode d’aujourd’hui est dans un cycle accéléré par rapport à ses débuts. En effet, alors qu’on peut discerner une tendance générale par siècle entre les années 1200 et les années 1800, on parle en décénies pour les années 1900 et en début, milieu et fin de décénies à partir des années 2000. Ce que ça veut dire concrètement pour le consommateur moyen actuel, c’est qu’il y a une nouvelle tendance à suivre à chaque saison, et les saisons s’accélèrent. Nous sommes dans l’ère de la mode rapide, dans laquelle les producteurs de vêtements nous dictent quoi porter et changent leurs assortiments aux deux semaines afin de nous encourager à acheter à ce rythme. Collectivement, nous achetons 80 milliards de livres de vêtements chaque année. C’est beaucoup trop ! Nous devons revoir notre façon de consommer la mode pour plusieurs raisons.


L’impact environnemental


Les vêtements que nous achetons sont moins chers, pour nous encourager à en acheter plus, mais sont également de mauvaise qualité et beaucoup moins durables qu’il y a 20 ans. Ainsi, une énorme partie de ce qu’on achete se retrouve aux poubelles en moins d’un an. Beaucoup de ces vêtements sont faits de matières synthétiques, comme le polyester et l’élasthanne, car elles coûtent moins cher que les fibres naturelles comme le coton ou la laine. Parce qu’elles sont des produits dérivés du pétrole, les fibres synthétiques consomment énormément d’eau et d’énergie au moment de leur production, et même lorsqu’elles sont recyclées. Lorsqu’elles sont jettées, ces matières penvent prendre plusieurs siècles à se décomposer, et des particules de plastique sont libérées dans le processus, ce qui pollue les terres et nappes d’eau aux alentours du dépotoir. De plus, chaque fois que nous nettoyons nos vêtements en fibres synthétiques, des microfibres sont libérées dans le système d’égouts et ne peuvent être enlevées. Jusqu’à 700,000 microfibres peuvent être produites à chaque lavage, ce qui est inquiétant considérant qu’une forte majorité des vêtements de la mode rapide sont faits en polyester. Ces microfibres contribuent au 12 millions de tonnes de plastique qui entre dans nos océans à chaque année.

Des microfibres de polyester qui ont été trouvées dans une machine domestique, après un lavage. (Image par : University of Plymouth)

Comme les compagnies de mode rapide sont plus intéressées par le profit que par l’environnement, celles-ci utilisent des procédés chimiques pour teindre les vêtements et ne retirent pas les produits chimiques des eaux usées avant de les rejetter dans les nappes d’eau des alentours. Par exemple, la teinture du polyester requiert des teintures toxiques pour l’environnement et les humains qui les utilisent, en plus d’être non-décomposables. Dans le procédé de teinture, environ 20% de la teinture ne pénètre pas le textile et se retrouve dans les nappes d’eau. Évidemment, ces compagnies font produire leurs textiles dans des pays où les lois environnementales ne sont pas encore restrictives au point de faire augmenter leurs coûts de production. Il n’y a donc pas d’efforts pour décontaminer l’eau avant de la rejetter dans l’environnement.

L’intérieur d’une usine de teinte de textiles, qui se trouve à moins de 50 mètres des maisons des villageois de Shaoxing, en Chine. (Image de Greenpeace)

L’impact humain


En plus d’être désormais l’une des industries les plus polluantes de la planète (avec l’industrie du pétrole et l’industrie minière!), l’industrie de la mode rapide est dépendante des pays où il n’y a peu ou pas de réglementation pour les travailleurs. Ainsi, un vêtement produit au Bangladesh coûte environ 10% du prix d’un vêtement fait au Canada, parce qu’il n’y a pas de salaire minimum, ni de normes de bâtiment ou de sécurité du travailleur à respecter. Les marges de profits peuvent donc être beaucoup plus grandes, tout en offrant des vêtements à bas prix. Non-seulement l’apât du gain a fait perdre plusieurs milliers d’emplois dans les pays occidentaux, mais il met en danger la vie de plusieurs travailleurs dans ces pays où aucune norme n’est établie.

C’est ainsi qu’il y a bientôt 5 ans une importante manufacture s’écroula, tuant plus de mille personne et en blessant gravement plus de 3000. Les causes de cet effondrement furent établies: des matériaux de construction de mauvaise qualité, un bâtiment comportant trop d’étages pour le sol sur lequel il était construit (un ancien lac rempli à l’aide de terre et de déchets) et des machines industrielles trop pesantes. Les travailleurs avaient remarqué des craques dans les murs, mais au lieu de vider la bâtisse, ce qui aurait pu sauver un milier de vies, les contremaîtres ont empêché les employés de quitter leur poste de travail. Tout cela au nom de la production rapide et profitable.

Les travailleurs du textiles du Bangladesh marquent les 4 ans de L,effondrement du Rana Plaza, à Savar près de Dhaka, le 24 avril 2017. STR/AFP/Getty Images

Au Cambodge, les travailleurs du textile demandent des hausses salariales afin d’obtenir un salaire adéquat pour vivre. Un salaire adéquat pour vivre permet de nourrir une petite famille avec des repas nutritifs, de la loger dans un appartement acceptable, de l’habiller convenablement et de la garder en santé. Le salaire recommandé par l’Alliance Asian Floor Wage est de 490$US par mois, alors que le salaire minimum actuel pour les travailleurs du textile est fixé à 170$US par mois depuis janvier 2018. Le salaire minimum au Cambodge a été sujet de plusieurs manifestations de la part des travailleurs, et 5 d’entre eux sont morts lors d’une manifestation à Phnom Penh, en 2014. Que des travailleurs puisse mourir en ne demandant qu’un salaire minimum pour vivre est incroyablement injuste et nous ne devrions pas encourager cela.


Plusieurs compagnies de mode rapide ont annoncé vouloir offrir aux travailleurs de leurs sous-traitants un salaire décent, mais restent peu transparentes quant aux méthodes utilisées tant pour calculer ce salaire décent que pour s’assurer que le salaire se rende vraiment aux travailleurs. Selon une étude d’Oxfam Australie, effectuée en octobre 2017, d’un chandail qui a été produit au Bangladesh et qui nous coûte 10$, seulement 20 cents servent à payer le travailleur qui l’a cousu.


Ce qu’on peut faire


Il y a plusieurs actions qu’on peut entreprendre contre les dégats grandissants de la mode rapide. En tant que consommateurs, nous détenons le droit de refuser d’acheter ce type de produits. Moins on achète de produits avec l’idée de payer le plus petit prix possible, plus on a le contrôle sur l’origine, la qualité et les valeurs de la compagnie à laquelle on donne notre argent. L’important est de trouver la solution qui nous correspond le plus, que ce soit grâce à une garde-robe capsule, aux friperies, aux magasins de produits locaux, etc.

Image par : Greenpeace

Accompagnez-moi dans cette découverte, un article à la fois et surtout, n’ayez pas peur de m’envoyer vos commentaires, suggestions et questions !

À bientôt,

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